- écorcheur
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• av. 1250; de écorcher♦ Celui qui écorche les bêtes pour la boucherie.♢ Fig. et vx Estampeur, voleur. Spécialt, hist. Les écorcheurs : brigands qui rançonnaient les paysans lors de la guerre de Cent Ans.écorcheurn. m. Personne dont le métier est d'écorcher les bêtes mortes.⇒ÉCORCHEUR, EUSE, adj. et subst.I.— Emploi subst. masc. Personne dont le métier est d'écorcher les bêtes de boucherie. Envoyer un cheval à l'écorcheur. Synon. boucher, équarrisseur. Se rappelant son ancien métier d'écorcheur de chevaux (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 278) :• 1. ... il répondait à ceux qui l'interrogeaient qu'il était l'écorcheur de veaux et que ceux qui voulaient être les premiers écorchés se hâtassent.FRANCE, Rabelais, 1924, p. 236.— P. métaph. Urbain. — Tu me fais mourir à petit feu. Ruffin. — Et vous me nourrissez de fumée. Frontin, (à part). — Regardez si le rustre sait bien son métier d'écorcheur d'hommes (CAMUS, Esprits, 1953, I, 3, p. 455).— P. anal.♦ HIST., au plur. Brigands qui désolèrent la France durant la guerre de Cent ans. [En France, au XVe siècle] quand les Anglais sont chassés, les écorcheurs et capitaines d'aventure vivent sur le paysan, le rançonnent et le pillent à plaisir (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 128). Il s'y conduisit en capitaine d'écorcheurs, saccageant tout, violant les femmes (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 180).♦ Arg., vx. ,,Élève de l'école vétérinaire d'Alfort`` (A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 182).II.— Au fig. et fam., emploi subst. et adj.A.— [En parlant d'un hôtelier, d'un marchand] Qui fait payer trop cher. C'est un écorcheur (Ac. 1798-1932).Rem. On dit aussi dans ce sens une écorcheuse.B.— (Personne, instrument) qui irrite l'oreille ou le bon goût. Elle [la création d'une académie] serait, en face des écorcheurs du journalisme et de la basse littérature, la conservatrice de la tradition française (GOURMONT, Esth. lang. fr., 1899, p. 103). Au son d'instruments étranges, qu'on devine stridents, hurleurs, écorcheurs et dans lesquels soufflent des musiciens aux masques hors de la vie (VIALAR, Bal sauv., 1946, p. 132) :• 2. Au tronc d'un arbre mort, le rimeur accrochéBaisse son front couvert de hontes non pareilles.Du pitoyable sort de l'écorcheur d'oreilles,Le Dieu tranquille et fier semble fort peu touché.VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, p. 475.Rem. La docum. atteste le composé pie-écorcheuse. Sorte de pie-grièche (cf. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 130).Prononc. et Orth. :[
], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932, mais uniquement comme subst. masc. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIIe s. « celui qui écorche les bêtes mortes » (Guillaume de Salerne, 3059 ds T.-L.); d'où 2. XIVe s. [ms.] « celui qui pressure » escorcheor de povre gent (Chastoiem. d'un père, ms. Soiss., 210, f° 3b ds GDF. Compl.); en partic. 1441 « nom donné à des brigands qui ravagèrent une partie de la France au XIVe s. » (Litt. remiss. in Reg. 176, Chartoph. reg. ch. 85 ds DU CANGE, s.v. estorchera : Aucuns compaignons de guerre, nommés ou pays [Laonnois] les Escorcheurs, avoient [...] bouté le feu en une maison). Dér. du rad. de écorcher; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. :20. Bbg. BRUNEAU (C.). N. créés du moy. du suff. -ment. In :[Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, p. 29.
écorcheur, euse [ekɔʀʃœʀ, øz] n. et adj.ÉTYM. Av. 1250; de écorcher.❖1 (Inus. au fém.). Personne qui écorche les bêtes pour la boucherie. — (1441). Spécialt. || Les écorcheurs : brigands qui rançonnaient les paysans lors de la guerre de Cent Ans.1 Pour la France, elle est dans la plus désastreuse période de son histoire : le pays est conquis, dévasté par les Anglais; sous Charles VII, les loups entraient dans les faubourgs de Paris; quand les Anglais sont chassés, les écorcheurs et capitaines d'aventure vivent sur le paysan, le rançonnent et le pillent à plaisir; un de ces seigneurs assassins, Gilles de Retz, a donné naissance à la légende de Barbe-Bleue.Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 128.3 Adj. Littér. et rare. Qui irrite, qui choque l'oreille, le goût esthétique.2 Dans un panier accroché au signal d'arrêt des autobus, une mandarine à moitié mangée étale son acidité. Ces souvenirs d'agrumes qui passent sur la cornée de l'œil, légèrement écorcheurs, et suscitent une larme (…)J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 279.
Encyclopédie Universelle. 2012.